* Faro, la reine des eaux

Publié le par 67-ciné.gi 2008











Faro, la reine des eaux drame de Salif Traoré

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avec :
Sotigui Kouyate, Fili Traoré, Michel Mpambara, Djénéba Koné, Hélène M. Diarra, Habib Dembélé, Modibo D. Traoré, Tidiane Traoré, Tatou Traoré, Rokia Traoré, Awa Diabaté, Tata Coulibaly, Kardiegue Laico Traore, Sidy Doumbia, Babou Tembely, Malamine Diakité, Fily Konte, Korian Coulibaly et Cheick Oumar Coulibaly


durée : 1h33
sortie le 29 octobre 2008


à partir du mercredi 9 novembre au cinéma



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Synopsis
Zan, enfant adultérin, retourne dans son village, plusieurs années après en avoir été chassé, afin de découvrir qui est son père. Son arrivée coïncide avec les brusques mouvements de Faro, l'esprit du fleuve, manifestations interprétées comme un signe de colère liée à l'arrivée du bâtard.


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Note d'intention
Salif Traoré : « Dans le respect de leurs différences, de leurs traits de culture, tous les peuples doivent coexister, s'enrichir mutuellement du suc nourricier de leur civilisation pour bâtir un monde toujours meilleur.
L'Afrique, qui ne doit pas rester en marge de la mondialisation, loin des hautes technologies, doit demeurer un continent ouvert et uni dans sa diversité, un continent où le fait de donner et recevoir ont valeurs de devoir.
À travers, le film
Faro, la reine des eaux, je revendique le droit de la femme et de l'enfant dans nos sociétés traditionnelles, le droit des femmes et des enfants qui subissent les caprices des hommes sans avoir la moindre possibilité d'exprimer leur point de vue.
L'histoire de Faro, qui se passe dans un village au bord du fleuve où diverses ethnies cohabitent en étant à la fois pêcheurs, cultivateurs, éleveurs et artisans, nous fera voir les charmes d'une vie quotidienne avec ses traditions, ses rivalités, ses amitiés et ses inimitiés.
Elle nous mettra en présence du pouvoir des hommes qui vont se réfugier derrière les us et coutumes pour confisquer la liberté d'expression à la femme et à l'enfant. C'est pourquoi, sans offusquer, je pense qu'il est temps de lever un coin du voile et de montrer du doigt les caractères phallocratiques et oppresseurs de nos sociétés.
Le moment est venu de prendre conscience du poids de la femme et de l'enfant, de croire que leur force peut apporter le changement.
Ce film se veut une fable intemporelle dont le dénouement montrera une révolte des femmes et des jeunes pour lancer un appel à l'union dans le respect de l'autre.
En ce début de 21eme siècle, l'harmonie de notre planète sera au prix que le Nord et le Sud sauront mettre pour se comprendre et se compléter. Pour moi, la tradition doit accepter la modernité pour s'épanouir.
»


Interview de Salif Traoré
La XXe édition du Festival Panafricain du Cinéma Fespaco a véritablement débuté le 24 février 2007 et a eu le mérite d'avoir ouvert la série des projections par un chef d'oeuvre malien
Faro, la reine des eaux qui a visiblement ému tout un public resté accroché.

Espéra Donouvossi : « Qu'est-ce que vous avez voulu démontrer à travers le film que nous venons de voir ? »

Salif Traoré : « Ce film-là, j'ai voulu tout simplement véhiculer un message pour encourager les gens à éviter l'exclusion. C'est pour moi le plus important. Quand nous parcourons les rues des capitales africaines, nous voyons des enfants qui dorment sur les arbres, dans les rues, devant les pharmacies ou à côté des mosquées. J'ai voulu faire un film pour dire que ces enfants aussi ont quelque chose à apporter, beaucoup de choses à apporter. Ils sont issus d'un amour, et cet amour est presque rejeté à cause des préjugés. J'invite la réflexion là-dessus. Ce film, je le veux comme un message pour dire que l'Afrique doit se pencher sur ses préjugés. Ça ne doit pas être un handicap pour nous. C'est vrai que dans tous les pays du monde, il y a des préjugés, il y a des traditions, il y a des coutumes et les gens avancent avec. Il faut que nous aussi nous arrivions à avancer avec ces traditions sans que cela ne soit un handicap pour nous. Et c'est fondamentalement ce message dans ce film, en essayant d'insister sur le système phallocratique de notre tradition. Pour dire que les femmes sont les braves dans ce pays. Quand on prend le cas du Mali, elles constituent à peu près plus de 60% de la population dans les villages, et c'est dans ces villages, c'est les femmes qui sont plus productives que les hommes. Les hommes n'ont que trois mois de travaux champêtres et après ils sont au pied de l'arbre et c'est les femmes qui font le reste. Et pour moi, le dévouement des femmes, c'est la chose à saluer. On doit beaucoup faire attention, on doit pouvoir les amener à participer à tous les processus de développement, on doit les considérer, elles ont des mots à dire. Si on arrivait à lever l'équivoque et à concevoir que la femme est l'égale de l'homme, je crois qu'on aura beaucoup avancé. »

Espéra Donouvossi : « En le faisant ainsi et en le disant ainsi, est-ce que vous ne faites pas trop la part belle à la civilisation occidentale au détriment de la nôtre ? »

Salif Traoré : « Non, parce que je n'ai pas tiré une conclusion. Je n'ai jamais nié cette tradition africaine. Elle est là, elle est belle et bien montrée dans ce film du début jusqu'à la fin sans prendre de partie. Je n'ai jamais dit dans le film qu'il ne faut pas faire avec elle. »

Espéra Donouvossi : « Mais pourquoi vous l'avez traitée de cette manière dans le film ? Vous y croyez vous aussi ? »

Salif Traoré : « Ah oui, effectivement j'y crois, comme tout le monde, parce qu'elle est en moi, je suis né dans cette tradition; c'est ma vie et je vis de ça et dans ça. Et je ne peux pas l'exclure de moi et je dois avancer avec. »


Espéra Donouvossi : « Quelle place occupe alors cette catégorie de personnes comme l'ivrogne et le fou dans votre discours filmique sur la tradition ? »

Salif Traoré : « J'ai voulu tout simplement montrer le rythme d'un village où il y a tout. Il y a des bons et des méchants, il y a des pervers et des sérieux qu'on n'écoute pas. Il y a des ambitieux, il y a des cupides dans un village. C'est toujours pareil. »

Espéra Donouvossi : « Donc vous voulez dire que ces personnages dans le film n'ont pas d'autre rôle plus révélateur ? »

Salif Traoré : « Oui, mais moi je ne sais pas ce que vous entrevoyez. Moi j'ai réalisé mon film et le mets à la disposition du public qui en juge comme il l'entend. Si vous pensez qu'il faut être dans un état de démence ou d'ivrogne pour penser comme ceux-là ou pour agir comme ceux-là, moi je ne le dis pas et vous êtes libre de concevoir votre propre compréhension. Mais je ne l'ai pas fait à dessein mais juste pour représenter une communauté sociologique. »

Espéra Donouvossi : « Combien de temps cela vous a pris ? »

Salif Traoré : « Ce premier scénario, je l'ai écrit en 1995 et ce film est la sixième version. J'ai réalisé d'autres choses avant, parce que ça pouvait me permettre d'avoir de l'argent pour pouvoir le terminer. Mais heureusement pour le terminer, j'ai eu l'appui de mon pays sans lequel je ne pouvais terminer ce film. Les autres partenaires ont été aussi importants. La fin du tournage a eu lieu le 25 février 2006. »
Bulletin Africiné n°04 (Fespaco 2007), du mardi 27 février 2007


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Fiche technique
Réalisateur : Salif Traoré
Scénariste : Salif Traoré, Olivier Lorelle et Yves Comte
1er assistant réalisateur : Ladji Diakité
2ème assistant réalisateur : Fanta N Traoré
Directeur de la photographie : Jean-Pierre Gauthier
Musique : Bassékou Kouyaté
Chef monteuse : Laure Budin
Chef électricien : Assane Mazou Maïga
Chef machiniste Mamadou Siby
Chef décorateur : Bakary Ouattara
Créateur de costumes : Abdou Ouologuem
Chef maquilleuse : Joan-Patricia Parris
Prise de son : Jean-Sébastien Roy
Mixage : Marie Massiani
Régisseur général : Dramane Traoré
Scripte : Sophie Léonard
Direction de production : Youssouf Coulibaly et Suzanne Gauthier
Producteur : Salif Traore et Ismaël Ouedraogo
Producteur exécutif : Daniel Morin et Bärbel Mauch
Producteur délégué : Philippe Quinsac
Distribution : Armor Films

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de


remerciements à
Philippe Quinsac
logos, textes & photos  © www.armor-films.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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